Contenu

Les IPP ou antiacides figurent parmi les trois médicaments les plus prescrits dans le monde occidental. Au cours des deux dernières décennies, nous avons constaté une augmentation de près de 500 % des prescriptions en Europe occidentale. D'une part, on enregistre une augmentation du nombre de plaintes liées à l'acidité ; d'autre part, les IPP sont de plus en plus souvent prescrits immédiatement en cas de troubles gastriques. Il n'est pas toujours possible d'arrêter. Les antiacides ont la réputation d'être très efficaces et bien tolérés. Mais est-ce vraiment le cas ? Sont-ils aussi inoffensifs qu'ils le paraissent ?

Les IPP doivent leur grande efficacité à leur action spécifique qui inhibe la production d'acide gastrique. Alors que l'acidité (pH) normale de l'estomac se situe entre 1 et 2,5, les IPP augmentent l'acidité à 4-5. Que cette solution soit trop simple et reste sans conséquence est presque impossible.

Utilisation inappropriée

Farmaka.be fait la distinction entre l'utilisation des IPP à long terme et à court terme. L'œsophagite par reflux de grade A et B justifie une utilisation de 4 à 8 semaines. L'œsophagite par reflux de grade C et D, la prise d'AINS/ASA ou le syndrome de Zollinger-Ellison sont des indications à long terme. La maladie de Barrett est considérée séparément comme pouvant être traitée en cas de reflux ou d'œsophagite symptomatique et relève donc de l'utilisation à long terme.

Les inhibiteurs de l'acide gastrique sont utilisés beaucoup plus largement et pendant une période plus longue que ce qui est suggéré ici. Il apparaît non seulement que les IPP sont souvent utilisés pour n'importe quel problème à l'estomac, mais aussi qu'une fois qu'un IPP a été instauré on ne s'interroge pas toujours sur la pertinence du renouvellement de la prescription. Cela entraîne son utilisation chronique.

Utilisation raisonnée

Il ne s'agit pas d'un plaidoyer contre les IPP. Ces médicaments ont des indications importantes et à court terme, ils ont plus d'avantages que d'inconvénients potentiels.

  • Les inquiétudes concernant l'utilisation à long terme et ses effets sur le microbiome intestinal, la dysbiose et toutes les conséquences qui en découlent, n'ont pas encore été suffisamment étudiés. D'autres recherches pourront apporter une contribution à cet égard.
  • L'utilisation des IPP dans les indications appropriées, sur une durée limitée avec une réévaluation régulière et prudente dans certains groupes cibles (personnes âgées, multimédication, maladies intestinales chroniques, maladies auto-immunes) doit et peut être utilisée comme un bon fil conducteur.

Troubles intestinaux

Au niveau de l'intestin grêle, nous constatons un risque nettement plus élevé de développement d'une pullulation microbienne intestinale (SIBO) accompagnée de symptômes plutôt vagues dans la partie supérieure de l'abdomen, tels que des ballonnements et des lourdeurs après les repas, des malaises, de la fatigue et des douleurs.

Nous constatons également une nette augmentation des risques graves d'infections au niveau du système digestif notamment par Clostridium, Campylobacter, Salmonella et Shigella. Et justement, ces infections jouent un rôle important dans le syndrome du côlon irritable (IBD/PDS). Les maladies inflammatoires de l'intestin telles que la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse sont également souvent déclenchées par une augmentation des niveaux d'infection.

Enfin, elle peut également provoquer une hyperperméabilité intestinale (Leaky Gut), qui entraîne, à son tour, d'autres troubles immunitaires tels qu'une inflammation systémique de bas grade ou des maladies auto-immunes. L'utilisation à long terme des IPP a donc un impact invasif sur notre santé qui va bien au-delà de ce qui est décrit dans les notices.

Podcast Gekke Genen

Envie d'en savoir plus ? Écoutez le podcast #5. Het darmmicrobioom. Nous y discutons de l'importance des petits organismes présents dans notre intestin et nous approfondissons la question de son fonctionnement et des moyens de le maintenir en bonne santé.

Références

  • Artem Minalyan, Lilit Gabrielyan, David Scott, Jonathan Jacobs and Joseph R. Pisegna. The gastric and intestinal Microbiome: Role of Proton Pump Inhibitors. Curr Gastroenterol. Rep. 2017 Aug; 19(8): 42
  • Yuji Naito, Kaori Kashiwagie, Tomohisa Takagi, Akira Andoh, Ryo Inoue. Intestinal dysbiosis Secuondary tot proton-Pump-Inhibitor Use. Digestion. 2018; 97(2):195-204
  • Mariko Hoja et Al. Gut Microbiota Composition Before and After Use of Proton Pump Inhibitors. Dig Dis Sci 2018; 63(11): 2940-2949
  • Giovanni Bruno, Piera Zaccari, Giulia Rocco, Giulia Scalese, Cristina Panetta, Barabara Porowska, Stefano Pontone and Carola Severi. Proton Pump Inhibitors and dysbiosis: Current knowlegde and aspects to be clarified. World jJ Gastroenterol. 2019 June 14; 25(22): 2706-2719
  • Jai Moo Shin and George Sachs. Pharmacology of Proton Pump Inhibitors. Gastroenterol Rep. 2008 December; 10(6): 528-534
  • MdMohaimenul Islam et al. Adverse outcomes of long-term use of proton pump inhibitors: a systematic review and meta-analysis.. J of Gastroenterology and hepatology 2018
  • Peter Fentz Haastrup, Wade Thompson, Jens Søndergaard and Dorte Ejg Jarbøl. Side Effects of Long-Term Proton Pump Inhibitor Use: A Review.. Basic & Clinical Pharmacology & Toxicology. 2018, 123, 114-121
  • Monbailliu Evelien. Masterproef huisartsgeneeskunde KUL. Afbouw van chronisch gebruik van protonpompinhibitoren in de huisartsenpraktijk: huidige stand van zaken en evaluatie van het effect van een interventie op het niveau van de huisartsen